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de belles rencontres....

Publié le par GSE 2013

Bien qu’il ne soit pas dans mon habitude de me mettre en avant et d’exposer en public et par écrit mes sentiments, il me parait important ce soir de vous faire partager les rencontres que j’ai pu faire au Japon…Je ne parlerai donc pas aujourd’hui de toutes les choses que nous avons faites, je ne vous décrirais pas les cérémonies du thé, les cours théoriques sur la coupe du bonsaï, sur la visite des Rahmen Factory ou encore sur les visites en tout genre. Mais, je vous propose ce soir de vous faire partager un autre aspect du GSE : Les familles d’accueil. Je ne parlerai ici que de ma propre expérience. Les autres membres vivant chacun à leur manière ces temps.

Comme vous le savez, nous sommes parfois à l’hôtel, parfois au sein de familles. Certes, j’avoue l’hôtel me paraissait la solution la plus douce, la plus confortable et la plus agréable pour nous au premier abord. L’immersion dans les familles japonaises ayant accepté de nous héberger était pour moi, source de peurs et d’angoisses. Vous qui me connaissez, imaginez moi, bavarde comme je suis, condamnée au silence à cause d’un japonais un peu trop rudimentaire ! arrrrrrrrrrrrrgggghh !! C’est un peu mon supplice de Sisyphe…

Bref, la première semaine, après 5 jours très confortables dans un hôtel d’Hiroshima, puis à Utsunomiya, le grand bain ! Me voilà accueillie par Noriko ! Dès la descente du bus et les présentations au sein du Club, ce fut un coup de foudre entre nous ! Quand elle a compris que j’allais rester une nuit chez elle, elle m’a sauté dans les bras. J’avoue que je ne m’attendais pas à un tel accueil.

Noriko est la femme d’un des membres du Rotary Club d’Otawara. Son mari est également le frère du maire. C’est une femme japonaise de la classe moyenne, d’environ 40 ans, où se mêlent modernité de l’occident et la répartition traditionnelle des rôles entre les hommes et les femmes. Une des premières choses m’ayant marquées, c’est le fait qu’elle se cache la bouche lorsqu’elle rit. En tant que française, je n’avais jamais fait attention, ni ressenti aucune pression sur ma manière de rire ou de parler. J’ai à cette occasion pour comprendre que pour une japonais, montrer ses dents est particulièrement aguicheur. Si vous y prêtez un tout petit peu attention vous constaterez que les femmes au Japon ne s’esclaffent jamais. Les éclats de rire auxquels je suis habituée, sont ici bien plus contrôlés.

Dès que ma valise fut rentrée (tant bien que mal) dans sa petite citadine japonaise, nous voilà en route pour son domicile. Toutefois, j’ai rapidement compris que nous allions faire des tours et des détours avant d’arriver à destination. Noriko voulant faire des courses, j’ai été l’attraction touristique de la moitié de la ville. Dans chaque commerce, à chaque connaissance rencontrée, nous nous arrêtions : Furansu kara desu !! Lorsqu’elle me présentait, je ressentais toute la fierté qu’elle avait d’accueillir une étrangère, et une française d’autant plus. La gêne de la situation a rapidement été effacée chez moi par une émotion plus forte… à la manière dont elle me parlait, les petites attentions dont elle a fait part à mon égard, je me suis un peu sentie chez moi.

Assises pour le repas l’une à côté de l’autre, j’avais l’impression d’avoir ma maman. Il fallait que je goûte tous les plats. Elle veillait très strictement à ce que je sois la première servie. La soirée avançant, je compris que le repas avec les membres du Rotary ne constituerait pas ma seule activité… rejointes par son époux, nous voici partis pour un baptême de Karaoké !! une grande première pour moi. Je dois avouer que je me suis particulièrement illustrée lors d’une chanson de Sylvie Vartan. Mais, comme le dis le proverbe « ce qui se passe au Japon, reste au Japon »… Non, aucune vidéo n’a filtrée !! Veillant sur moi, à 23h, nous sommes rentrées. C’est à ce moment là que j’ai pris conscience de sa gentillesse. C’est autour d’un thé vert que nous avons échangé sur ma ville, ma famille. Lui ayant offert du miel de ma région, ce cadeau fut l’occasion pour moi de déguster du miel de cerisiers. Un véritable régal… aux alentours de minuit, j’ai eu droit à un cours d’écriture japonaise. Je me suis couchée une heure plus tard, la tête remplie d’images, de sons et d’odeurs.

Au réveil, un petit déjeuner gargantuesque m’attendait : c’est à cet instant que j’ai compris que la plupart des courses de la veille avaient été faites à mon intention… un régal, même pour une française habituée à un café et des tartines : soupe de légumes maison, petite salade d’asperges à la vapeur, un bol de riz, du thé à volonté et du poisson frit. Je suis repartie le ventre plus que plein, mais avec la promesse de s’échanger des photos et des écrits.

Après cette première immersion dans la culture japonaise, nous avons passé 1 semaine complète dans des hôtels. Cependant, arrivant à Sano, une ville tout au sud du département de Tochigi, de nouvelles familles nous attendaient. Visiblement, l’accueil était un peu plus crispé. Nous avons rapidement ressenti toute la difficulté que représente la rencontre et l’hébergement d’étrangers au sein d’un foyer japonais. La barrière de la langue bloquant une nouvelle fois la qualité de la relation. Cette fois, j’ai été prise en charge par Mariko et son époux, un couple de l’âge de mes parents. Mariko est femme au foyer et Hitachi est imprimeur, ils ont trois filles entre 23 et 27 ans. Le premier contact fut vraiment compliqué. Installée au 3 ème étage de leur maison, j’ai rapidement compris que j’occupais la chambre d’un des parents de Mariko récemment décédé… en effet, ma valise à peine ouverte, j’ai du aller saluer tous les ancêtres de la famille autour de l’autel shinto situé dans la pièce voisine de ma chambre. Après avoir allumé un bâtonnet d’encens, j’ai frappé une fois le bol puis prié. Entre respect et gêne, je me suis pliée à la coutume religieuse. Je sentais à ce moment là qu’ils ne savaient pas trop quoi faire de moi… j’en ai donc profité pour me reposer. Après la welcome party nettement moins…. chaleureuse que celle d’Otawara, nous sommes rentrés et j’ai terminé la soirée seule dans ma chambre un peu triste de ne pouvoir plus échanger. C’est donc un peu anxieuse que je me suis rendue au petit déjeuner le lendemain. Seule face à mon bol de café, je ne savais pas trop comment engager la conversation. C’est à ce moment là que j’ai aperçu un piano dans le salon. M’extasiant au son des « sugoi », Mariko a ouvert le clavier me proposant de jouer un peu… je me suis donc lancée. Pour la petite histoire, je n’avais pas fait de piano depuis plus de 4 ans. Visiblement, c’est comme le vélo (ou presque….). Ayant à ma disposition des partitions de chansons japonaises, j’ai commencé à déchiffrer. S’installant à côté de moi, mon hôte a laissé de côté sa timidité et sa réserve à mon égard pour chanter. Ce moment d’échange, sans mot, juste avec des sons chantés et joués a été pour nous deux une façon de dépasser les difficultés linguistiques et culturelles, instaurant un climat de confiance et de complicité. Au fur et à mesure des quatre jours passés dans cette famille, de vraies amitiés se sont tissées. Bien que cela puisse paraitre un peu naïf ou candide, il n’en reste pas moins que cette petite semaine à Sano fut particulièrement forte émotionnellement. Ma famille d’accueil à Sano est composée de 5 personnes : Mariko et Toshi les parents, Kaioko, Naoko et Yumiko leurs 3 filles. J’ai pu passé 3 magnifiques soirées avec Kaiko et Naoko. Yumiko étant restée à Tokyo pour ses études. Alors que Naoko déborde d’énergie, de joie de vivre, Kaioko est bien plus réservée. Extrêmement douce, nous nous sommes vite attachée l’une à l’autre. Et nous avons même triomphé lors d’un Karaoké grâce à la chanson : Ay Takata (Merci Arnaud pour la découverte ;-) ) !!! Je suis consciente de l’immense chance que j’ai eu en étant accueillie par cette famille. En effet, pendant 4 jours, j’ai participé à une vraie vie de famille, où les repas sont pris ensemble, autour de la table. Avec Toshi, nous avons parlé Jazz (c’est un contrebassiste amateur, fou de Count Basy). Mariko ressemblait par bien des aspects à ma propre mère : il fallait que je mange bien et beaucoup… et que je ne manque de rien. Quant aux filles, le lien j’en suis certaine perdurera. En nihonglish, nous avons passé de vraies soirées filles… La dernière soirée, fut une des plus belles. Etant partis les premiers de la soirée d’au revoir du Rotary, je m’attendais à aller me coucher très vite. Mais, c’est dans un Moll (énorme centre commercial) que tout a commencé ! Le temps que Toshi et Kaioko garent la voiture, Mariko m’a pris par le bras et m’a entrainée dans un 100yens store. Immense magasin où tout est à 100 yens (soit moins d’un euro). Puis, nous avons mangé une glace tous ensemble avant de rentrer. Lors de cette soirée, j’ai été couverte de cadeaux, acheté où transmis (un des plus beaux est certainement un éventail qui appartenait à Mariko). Encore une ou deux heures de discussion entre jazz et histoires de garçons je suis allée me coucher. C’est le cœur très serré que je suis montée dans le bus… Les larmes de Mariko et de Kaiko n’aidant pas beaucoup… Les yeux embués, nous sommes repartis direction Oyama où nous sommes encore jusqu’à demain.

Je ne sais ce qu’il en est pour les autres membres de la Team, mais pour ma part, il me fut compliqué de me relancer dans une nouvelle famille, à peine 2h après avoir quitté ma famille de Sano. Après un club, un autre… pas le choix ! C’est donc dans le Grand Hôtel d’Oyama que chacun a rejoint son club et sa nouvelle famille. Pas très enthousiaste, je me suis assise à la table de mon club d’accueil où m’attendait Sumie, son papa et 2 autres membres. Un peu impressionnée, et les échanges de Meishi faits, j’ai engagé la conversation très vite avec Sumie, une femme très élégante d’une quarantaine d’année. C’est au sein de sa famille que je suis depuis dimanche. Et je crois que j’ai été une nouvelle fois gâtée… Outre le fait qu’elle parle bien anglais (ce qui est rare au Japon), elle est très cultivée et me surprotège. Anticipant mes envies et mes besoins, nous nouons depuis dimanche une belle relation. Ce qui est assez troublant, c’est la concordance de nos goûts musicaux, artistiques, cosmétiques ;-). Ainsi, dimanche après-midi était un temps entièrement libre au sein des familles. Alors que je me voyais participer à une activité familiale des plus ordinaires, Sumie me parle d’une expo sur Rafaello qu’elle vient de voir à Tokyo. Fortement intéressée, je lui demande de m’en dire plus. Et c’est à ce moment là qu’elle me dit : il y a un Shinkansen dans 30 minutes, pose tes valises et on y va ! N’y croyant presque pas, je me suis retrouvée à passer mon dimanche après-midi dans un des plus beaux musées du monde, à prendre du temps pour visiter une exposition proposant des œuvres du peintre italien d’une beauté inégalée…Nous avons fini notre après-midi au 35ème étage d’un immeuble tokyoite avec vue sur le palais impérial autour d’un thé. Et non, j’ai presque pas honte ;-)

Réagençant le schedule (sorte de calendrier prévisionnel de nos activités journalières, organisées à la minute près…), elle s’est démenée pour que je puisse voir des activités totalement en adéquation avec mes besoins professionnels et personnels. Mère de 3 enfants, j’ai pu tester le Pulicula avec Chie, sa fille ainée. Je vous joindrai les photos, totalement KAWAIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII.

Avant de terminer ce texte très (trop) long, je voulais juste vous parler de son papa : un rotarien de 80 ans, chef d’entreprise. Pas très à l’aise avec lui au départ, nous avons pu nouer une complicité, surtout le matin qui est notre temps d’échange linguistique : il m’écrit en hiragana des mots que je transcris en romanaji, puis en français. Comme il ne lit pas le romanji, j’écris phonétiquement, en katakana les mots français de base : Bonjour, merci, au revoir… Ayant entrepris de me faire goûter l’ensemble des spécialités culinaires japonaises, j’ai le plaisir de vous dire que le Shabu-Shabu est ma révélation gustative du soir… Sorte de fondue japonaise, pour le coup bien plus diététique que la version française. Plein d’humour, de retenue japonaise et d’envie d’échange, il fut très déçu ce soir de ne pouvoir faire un Skype avec ma famille, pour dire « bonjour »… J’espère très sincèrement que demain ce sera possible, car c’est ma dernière soirée avec eux…

Heureusement, 3 jours à Sendai arrivent… Je dis heureusement, car toutes ces rencontres, ces moments forts ou plus légers, deviennent difficiles à gérer. A peine des relations se tissent des affects s’instaurent qu’il faut déjà partir. Avant mon départ une personne m’a dit : Tu vas voir, tu vas être « retournée comme une crêpe » au Japon, je ne voulais pas le croire… Je pense qu’il avait raison. La gentillesse l’investissement et la délicatesse des familles qui m’ont accueillie, quand on sait combien il est compliqué pour un japonais de recevoir dans son foyer, me touche profondément. J’espère ne pas trop vous avoir ennuyé ce soir. Mais, pour moi, le programme du GSE, ce n’est pas que des visites professionnelles ou touristiques, des échanges de meishis. Ce sont aussi des rencontres, des liens moments de vie partagés avec ces personnes que j’espère pouvoir revoir ici ou en France.

Sur ces quelques mots et avant de me reposer en attendant une nouvelle journée bien remplie aux côtés de Sumie, je vous dis : Oyasumi Nasai !!!!!

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